La revue Projections a toujours renvoyé à elle-même comme à un projet délibérément « modeste » – un objet « bricolé », heureux de reposer sur des moyens réduits et de se destiner, plutôt qu’à une diffusion massive, à une circulation fondée sur des affinités circonstancielles. Tandis que l’entreprise s’apprête à fêter sa première décennie, l’occasion semble propice à questionner les enjeux de ce discours. Que fait-on, ou que ne fait-on pas, en se revendiquant modeste, ou en revendiquant la modestie de ses créations ? Quelles valeurs, éventuellement contradictoires, sous-tendent les usages variés, profondément contextuels, qu’on réserve à cette notion ?
Ce treizième dossier de Projections abordera donc la question de la modestie, soit formelle, soit thématique, d’œuvres littéraires, cinématographiques, musicales, photographiques, plastiques, architecturales, ou transmédiatiques. Il s’agira d’y approfondir l’idée de simplicité, du peu, d’une certaine humilité, lorsque celle-ci est conjuguée à un mouvement de création. Dans une époque du toujours-plus, de la surabondance, de la mise en avant perpétuelle de soi, on s’efforcera de creuser une veine contraire, qui viendrait battre en brèche le fastueux, le prétentieux, le grandiloquent.
Ceci dit, c’est la possibilité même d’une telle ambition qu’en contrepoint, il importe aussi d’interroger : une œuvre d’art « modeste » est-elle seulement concevable ? Livrer les fruits d’un travail au public, n’est-ce pas déjà faire preuve d’un manque de modestie ? Les artistes véritablement modestes ne seraient-ils pas alors ceux que personne ne connaît ? Dans cette perspective, pourrait également être abordé un paradoxe, selon lequel on assiste parfois à une sorte d’appropriation contre-nature des idéaux de « simplicité », de « pudeur », de « retenue », rattrapés par ce qu’ils contestent, et mis au service de logiques commerciales et de monstration qui les convertissent en artifices ou en stratagèmes intéressés.
Sans constituer une liste exhaustive ou restrictive, les sujets, axes de réflexion et approches suivant(e)s pourraient être développé(e)s : arte povera ; minimalisme esthétique ; logiques du dénuement ; attention portée à l’imperceptible, au dérisoire, à l’infra-ordinaire, voire à l’insignifiant ; œuvres raturées, occultées, volontairement soustraites à leur publics.
Vos propositions sur ce sujet doivent parvenir à Projections pour le 31 juillet 2018. Merci de nous informer de vos intentions au plus tard pour le 15 juin, afin que nous puissions veiller à l’équilibre et à la cohérence du dossier ! Par ailleurs, toute autre contribution indépendante de ce thème est la bienvenue pour nourrir notre rubrique « Varia », qui accueille toujours avec plaisir des textes sur la musique, le cinéma, les arts plastiques, la littérature, l’architecture, les idées, etc.
Rejoignez-nous le 18 avril, dès 19h, chez Tulitu, pour le lancement du numéro 12 de Projections, consacré à la thématique de l’oisiveté !
Au sommaire :
Empathie et évolution
Déclin de la violence
La virilité en question
Romain Gary
…
Mais aussi, dans les varia :
Portrait et propos d’André Balthazar
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Mais aussi des varia :
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